vendredi 28 mai 2010

Fin du semestre

Un petit article de conclusion pour le blog, a priori le dernier (?). Florent et moi avons fini avec succès nos partiels mardi dernier. Nous devons maintenant régler quelques points administratifs avant de nous envoler vers la France mercredi soir. Pour les futurs teubreux à Prague puissent se faire une idée, voilà ce que nous faisons cette semaine.

A la CTU, le système de gestion des notes/crédits est assez différent du nôtre. En effet, en début de semestre, les cours que vous suivez sont inscrit dans un carnet orange par la service des études. Pour passer l'examen d'une matière vous devez normalement recevoir dans ce carnet l'"assessment" de la part du professeur : en gros, le professeur vous autorise à aller à l'examen si vous avez rendu vos projets semestriels, si vous êtes venu en labo, etc. Ensuite, lorsque vous passez votre examen, vous attendez entre 1 et 24h pour connaître votre résultat (soit le prof vous dit d'attendre ou de revenir qq heures plus tard, soit vous avez votre note par email dans la journée qui suit).
Le professeur doit alors inscrire votre note dans votre carnet (A,B,C,D ou E selon votre pourcentage de réussite à l'examen). Si jamais vous échouez à l'examen, vous avez 2 sessions de rattrapage, organisées dans les semaines qui suivent. Lorsque vous avez terminé tous vos examens, ET que vous avez toutes les signatures & notes qu'il faut dans votre carnet, vous vous rendez au service international, pour qu'il vous donne votre "transcript of records", i.e. votre relevé de note que vous transmettez ensuite à Télécom Bretagne pour avoir vos crédits durement gagnés (ou pas, pour certaines matières).
Comme vous l'aurez remarqué, les notes ne sont pas à la base rentrées dans le système informatique par les profs, mais par le service international, qui doit donc traiter tout au long du mois de juin les dizaines de carnets qu'on leur rapporte. Il faut donc environ 3 jours pour récupérer ses notes. Nous venons de déposer nos carnets ce matin, et nous les récupérerons mardi. De plus, nous ne devons pas oublier de faire signer (et d'imprimer) l'attestation de présence Erasmus.
Pour imprimer des documents, direction le bureau de l'ISC à Masarykova. Il sera ouvert (période d'examen oblige) lundi entre 15 et 21h, information qui ne pouvait se trouver qu'en se rendant sur place (non, mettre des horaires de permanence directement sur leur site, ça ne se fait pas :p)

Côté obligation n°2, le "rendage" de nos chambres. Mercredi matin avant 11 heures, nous devons rendre nos clés, et récupérer notre caution - en liquide bien sûr, super pratique de récupérer environ 5000 KC alors que vous partez quelques heures plus tard ha.ha.ha. Notre plan pour mercredi est donc d'entreposer nos bagages chez une bonne âme (le colloc de Florent en l'occurrence), de partir changer tout cet argent en euro dans un bureau de change pratiquant un bon taux (ceux-ci ont l'air plutôt bon), puis de patienter avant d'aller prendre notre avion le soir.

A part ça, le soleil daigne montrer le bout de son nez pendant quelques heures par jour, ce qui fait qu'on profite quand même un peu du visage superbe de Prague au printemps, et ça c'est quand même assez merveilleux.

PS : un gros gros merci à Florian pour son article, dont la lecture nous a provoqué de grands sourires

mardi 25 mai 2010

Vous n'y croyiez plus ... et pourtant le voici : l'article de Florian !


Bedřich Smetana - Vltava (extrait de Má Vlast)
New York Philharmonic, dirigé par Leonard Bernstein



INTRUDER ALERT



Attention, folks ! Ce n'est pas votre interlocutrice préférée et habituelle qui vous parle. Je suis l'agent secret de nom de code Beignet, revenu il y a un mois (déjà...) de mission furtive mais pas trop à Prague. Une mission riche en émotions et découvertes ! Et sans plus attendre, en voici donc le debriefing.



Premier jour : loi de l'aéroport

Soient une pougne a et un troll b en semestre d'étude à l'étranger. Supposons que le semestre d'étude est inclus dans la ville P. Supposons également l'existence d'un crétin c appartenant à une ville B tel que c rêve de visiter P depuis bien longtemps. Alors la probabilité que c vienne squatter chez a et b pendant quelques jours des vacances de Pâques approche 100%.

J'atteris donc, en ce jour béni (ou pas) du 11 avril 2010, à 17h35, à l'aéroport de Prague Ruzyne. J'y suis accueilli par l'un de nos deux agents en mission à long terme sur les lieux, que nous désignerons ci-après par le nom de code Pougne. Nous rejoignons alors le bus qui nous emmènera vers notre QG. Sur la route, je suis frappé par la topologie peu commune des lieux : la ville et ses environs possèdent un relief très marqué, avec de nombreuses collines (sans doute de quoi accueillir de nombreux laboratoires sous-terrains secrets !), et je repère déjà quelques paysages tout à fait séduisants. Mais il ne faut pas se déconcentrer, la mission vient à peine de démarrer !

Oui, cette photo fut en fait prise le lendemain, à Kutna Hora, mais elle illustre très bien ce que je veux dire, alors faites comme si de rien n'était...


Quelques minutes plus tard, nous rallions le QG (à moins que ce ne soit la maison d'arrêt de Prague, je ne sais pas, je ne sais plus, je suis confus !). J'y retrouve mon deuxième collaborateur, l'agent secret Lézard (mais si vous l'appelez Nigga, il comprendra aussi). Le trio infernal est au complet. Depuis trois mois, je dois avouer que ça m'avait presque manqué !



Deuxième jour : principe de l'os

Supposons l'existence d'un moine aveugle qui aime ramasser les os des morts et en faire des amas artistiques. On dit alors du moine que c'est un grand malade psychopathe.

Le lendemain, je fais connaissance avec le clan Diller. Avec eux, nous partiront en mission d'espionnage dans la ville de Kutna Hora. Et là, j'avoue que je sais pas quoi dire : Kutna Hora, les deux autochtones vous en ont déjà fait faire le tour complet dans leurs articles datant de la mi-février. J'ai donc à mon tour pu visiter sa superbe église Sainte-Barbe, dont l'intérieur semble extraordinaire aérien et spacieux pour une église gothique.


Elle a de l'embompoint, mais avouez que ça lui va bien !

D'ailleurs, petite parenthèse, "aérien et spacieux" : voici deux mots que je risque de réutiliser souvent dans la suite de cet article. Ils caractérisent en effet très bien tout ce que j'ai pu voir de l'architecture tchèque. On n'est pas dans la surenchère, dans l'oppulence, dans l'excès de figures de style vaines et ramassées les unes sur les autres : tout (ou presque) est d'une retenu et d'une élégance magnifiques. Et le résultat, c'est une impression de légèreté qui m'a paru tout à fait singulière.

Mais revenons à nos moutons : la visite de Kutna Hora se devait nécessairement de se poursuivre par un petit tour dans l'ossuaire. Entrant dans ce lieu diabolique qu'est l'ossuaire, je suis terrifié. Parmi tous ces ossements, se trouvent-ils ceux d'anciens agents secrets dont la couverture fut percée ?

Tiens, salut Roger ! Je me demandais où t'étais passé !

Plus que jamais cela paraît clair : nous devrons être prudents et efficaces pour la suite des opérations...

(Au fait, sachez aussi que cette journée a été l'occasion d'une observation qui aura son importance dans la suite du séjour : l'agent Lézard est une ordure de compétition.)



Troisème jour : théorème de l'horloge

Soit t un instant correspondant à une heure pile. Soit une horloge astronomique telle que plein de personnages rigolos s'y animent quand les cloches sonnent. Alors, la concentration de touriste autour de l'horloge en fonction du temps connaît des maxima locaux aux instants (t + n * heures), où n est un entier relatif quelconque.

Premier jour passé dans les rues du centre ville de Prague ! Et le centre ville de Prague, mes amis, c'est beau. Jugez-en :

La Vltava qui donne son nom à la musique illustrant cet article !


Principale observation de cette journée, l'horloge astronomique. Un étrange dispositif composé de personnages singuliers qui se mettent en mouvement à chaque heure pile, quand les cloches sonnent. De quelle méthode saugrenue d'intimidation de l'ennemi peut-il donc s'agir ici ?! En tout cas, voyant le pouvoir de fascination qu'exerce la chose sur les nombreux touristes passant par là, nul doute que c'est une redoutable technique de diversion...

Au cours de notre périple, nous passons également devant le Rudolfinum, aka le principal auditorium symphonique de Prague. Afin de nous assurer que le bâtiment ne sert pas en fait de couverture pour un labo top secret attelé au développement d'armes de destruction massive, nous décidons de voir s'il ne reste pas des places invendues pour un concert prenant place le surlendemain au soir. Comme il en reste, on en prend. Comme je suis un peu monomaniaque, je convainc sans difficultés mes collègues de prendre des places en première catégorie (vous voyez, des places au milieu du 6ème et du 7ème rang face à l'orchestre... bref, les meilleurs places de la salle !). Comme la République Tchèque, c'est définitivement pas la même culture que la France, on paye chaque place 600 Couronnes, soit environ 25€ ; alors que pour des places du même genre dans un auditorium parisien, on aurait facilement du sortir plus de 100€. J'ai beau être suspicieux, j'aime ce pays. Mais on y reviendra.



Quatrième jour : corollaire de la marionnette

Soit une boutique familiale de marionnettes au pied du pont Charles. Soit un crétin c entrant dans cette boutique. Alors, la probabilité que c ait envie de sortir de la boutique est indépendante du temps, et est une constante égale à 0.

Ce jour, tout commence par une découverte. Une découverte qu'en trois mois, mes chers collègues n'avait toujours pas faite. Pourtant, l'objet s'en trouvait à distance fort raisonnable de leur logement ; cinq minutes de marche, tout au plus !

Et il s'agit donc d'un parc. Un très joli parc, dirais-je même. Voyez plutôt :

Le Théâtre National, vu des hauteurs de Strahov



L'autre intérêt de ce parc, c'est qu'il permet de se rendre du QG jusqu'à la ville à pied. Pas besoin de prendre le bus, à la seule condition qu'on ne soit pas farouchement opposé à l'idée d'une demi-heure de marche. Et ça, c'est bien, parce qu'on ne sait jamais : les bus praguois sont peut-être piégés, comme dans Speed...

Au delà de ça, quelle riche journée que celle-ci ! Je fais le tour (presque) complet de la ville, je découvre de nombreux bâtiments à l'architecture étonnante... et plus le temps passe, plus je commence à me dire que je ne les trouverai jamais, ces labos secrets ! A croire qu'en vérité, ils n'existent pas !

Au lieu de ça, il est autre chose que je trouve en masse dans la ville : les groupes de musique de rue ! Dans la journée, ce ne sont pas moins de trois petits groupes que je croise, ayant chacun des formations et styles musicaux variés (l'un est un quatuor à corde jouant de la musique romantique, l'autre est un petit orchestre de jazz jouant de la musique typée Amérique des années 30, l'autre est un trio plus modeste jouant des airs traditionnels de Bohème). Seule constante entre tous ces groupes : ce sont des musiciens tout bonnement extraordinaires ! Ils donnent l'impression d'être nés avec leur instrument dans les mains, jouent leur musique avec un enthousiasme et une précision saisissants.

Finalement, OSS 117 m'avait menti : les Tchèques ne sont pas des barbares (sauf le moine qui a empilé des os à Kutna Hora, là, lui il était sérieusement atteint), ce sont des artistes ! Et à supposer que je n'en ai pas eu la certitude à cet instant, c'est la visite, quelques minutes plus tard, d'un petit atelier, situé au pied de cette effroyable usine à touristes qu'est le Pont Charles (dommage, car en dehors de ça, c'est une superbe construction !), qui m'en convaincra. Que fabrique-t-on dans cet atelier ? Oh non, on ne fabrique pas quelque instrument de torture que ce soit (pourtant, certains locaux, qui eux aussi méritent malgré tout l'appellation "barbares", ont l'air de plutôt aimer ça, les instruments de torture - on y reviendra plus tard...). On y fabrique des marionnettes. Des marionnettes en bois. Des marionnettes qu'elles sont un tout petit peu très très belles.


Mais alors juste un tout petit peu.



Cinquième jour : théorie du musicophile

Soit un musicophile m aimant assez particulièrement la musique tchèque. Appelons R l'ensemble "Salle Dvořák du Rudolfinum avec la Philharmonie Tchèque qui joue un concert dedans". On démontre alors l'implication suivante :
"m appartient à R ==> m est heureux"

Le jour 2 vit une mission en collaboration avec le clan Diller, le jour 3 est celui de la collaboration avec le clan Raimbaud. Notre cible : le Château de Prague, lieu de siège du Président de la République Tchèque ! Mais bon, comme c'était tristement prévisible, nous n'y trouvons aucune information compromettante... si ce n'est un étrange lieu où sont exposés des instruments de tortures ; et le pire c'est que c'est très loin d'être le seul endroit de la ville où est tenu une exposition de ce genre ! Mouais, perso je préfère encore les marionnettes et le crystal de Bohème... En dehors de ça, je ne saurai que dire qui n'ait pas déjà été dit des milliers de fois sur ce lieu. Pour ces raisons, je ne m'apesantirai pas sur cette virée.

Ou peut-être est-ce simplement parce que je suis impatient de passer à la suite. Fini les blagues, ce n'est plus OSS 118 qui vous parle, c'est moi, Florian. Le clou du spectacle, LA soirée qui fait que pour moi, ce voyage restera un souvenir magnifique et grandiose (malgré sa conclusion chaotique que j'évoquerai dans quelques lignes), c'est cette soirée du jeudi 15 avril, que nous passâmes, mes deux compagnons et moi, installés dans des fauteuils de la salle Dvořák au Rudolfinum, tandis que devant nous se produisait l'un des meilleurs orchestres symphoniques du monde, la Philharmonie Tchèque.

N'ayant pas envie de m'attarder sur l'histoire du lieu (Wikipedia le fera mieux que je ne l'aurais fait !), je me contenterai de vous dire que cette salle de concert, inaugurée en 1885, fait partie des plus anciens auditoriums symphonique d'Europe (et par extension, du monde). Son acoustique est l'une des plus réputées de la planète. Antonín Dvořák, le compositeur qui a donné son nom à la salle, est également le fondateur de l'Orchestre Philharmonique Tchèque. Depuis sa création en 1901, faisant honneur à la tradition musicale ancestrale de Bohème, cet orchestre a toujours été prisé par les musicophiles du monde entier.


Ce soir-là, nous avons donc pu assister dans des conditions de rêve à l'exécution de deux oeuvres tchèques majeures du début du XXème siècle. En première partie, la Sinfonietta de Leoš Janáček, lumineuse et colorée, emprunte par-ci par-là de quelques sonorités et lignes mélodiques empruntées aux airs flokloriques de Bohème, une pratique qui fut inspirée à Janáček par Dvořák (encore lui !), dont il était contemporain. En seconde partie, la suite de cantates "Tempête", de Vítězslav Novák, pour orchestre, choeur, orgue et voix solistes (rien que ça). Une partition beaucoup plus sombre que la précédente, étonnante par sa façon de mélanger les motifs romantico-slaves avec d'autres qui évoquent déjà la musique atonale.

Je pourrais m'épendre pendant des lignes et des lignes pour tenter (sans doute vainement) de décrire fidèlement la joie et l'émotion que j'ai ressenties pendant ce concert, mais je préfère rester bref afin de garder l'espoir qu'au moins un lecteur aille jusqu'au bout de ce billet. Sachez juste que j'ai été impressionné au-delà de mes espérances (qui étaient pourtant élevées !) par l'interprétation d'une précision diabolique, d'une justesse absolue, et par la sonorité phénoménale de l'orchestre, d'une grâce infinie, puissante et envoûtante. Magique.



Sixième jour : paradoxe de l'avion

Soit un volcan islandais qui décide de mettre le boxon dans tout l'espace aérien européen. Alors, FFFFFFFFFFFUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU-

A peine remis de mes émotions, il est déjà temps pour moi de partir : mon avion décolle le lendemain à 20h35.

Et là, c'est le drame.

Aéroport de Prague-Ruzyne, le 16 avril 2010, jour supposé de mon départ...

Les forces de la nature sont toutes puissantes... Par leur action, je passerai donc un jour et deux nuits de plus qu prévu à Prague. Le dimanche 18, deux jours après mon départ prévu, je mettrai environ 14 heures pour d'abord me rendre de Prague à Nuremberg en bus, puis de Nuremberg rallier Cologne en train, et enfin de Cologne retourner sur Paris en voiture. Ah ben oui, c'est sur que par rapport à un Prague Ruzyne-Paris Charles de Gaulle d'une heure quarante-cinq, c'est légèrement moins pratique !




J'arrive ainsi au bout de mon récit, en j'en profite pour remercier pour leur hospitalité, bien sûr nos deux zigotos de service, mais aussi leurs familles respectives. Et là, je cherche désespérément un mot pour conclure ce billet de façon adéquate, mais je trouve rien, c'est donc le wiktionnaire qui en choisira un au hasard pour moi : vizáž (ça se prononce "visage", ça vient... du français "visage", et ça veut dire "apparence").